L’eau et le changement climatique

L’importance de la gestion de l’eau

Le 12 juillet 2024, le Journal Officiel de la République Française publie un Décret et un Arrêté concernant l’utilisation d’eaux impropres à la consommation humaine dans le bâtiment.

Ces deux documents viennent remplacer l’ancien texte de loi de 2008, qui était très contraignant concernant les usages et les conditions d’utilisation d’eau de pluie et d’eau usée. Ce nouvel Arrêté facilite grandement la mise en œuvre de ces systèmes, et était très attendu par les bureaux d’études et maîtres d’ouvrages.
Pour comprendre l’impact direct de cette publication sur les eaux impropres à la consommation, il est important de considérer le contexte de la gestion de l’eau destinée à la consommation.

La ressource en eau est l’objet de pressions de plus en plus importantes du fait du changement climatique et des consommations françaises, au point que l’année 2022 a subi une sécheresse qu’EauFrance a qualifiée de « plus sévère jamais enregistrée depuis le début des relevés météos » et que l’hiver 2023 a enregistré des records de déficit de précipitations. Les nappes phréatiques ne se remplissent plus, et l’eau potable se raréfie. Or l’eau joue un rôle crucial dans l’aménagement des quartiers et la construction en tant que ressource indispensable pour répondre aux besoins fondamentaux des habitants, garantir la santé publique, et assurer le développement durable des infrastructures. Dans le cadre urbain, l’accès à une eau de qualité et en quantité suffisante est essentiel pour alimenter les habitations, les espaces publics et les services de proximité.

Afin de protéger la ressource et de réduire les prélèvements, de plus en plus de projets immobiliers se tournent donc vers les eaux impropres à la consommation humaine pour les usages le permettant.

Dans un contexte réglementaire désormais favorable, comment valoriser l’eau dans les projets immobiliers ?

Vers une gestion de l’eau plus durable

Stratégie 1 : Miser sur la sobriété et réduire les consommations en eau potable

En France, la consommation d’eau potable est estimée à près de 148 litres d’eau par jour et par habitant, majoritairement à cause des sanitaires et des douches.

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Répartitions des consommations d’eau d’un foyer, Centre d’information sur l’eau

Afin de réduire cette consommation, des solutions sont d’ores et déjà appliquées dans les projets immobiliers, et ce dès la conception des bâtiments.

À l’échelle des espaces verts, les besoins d’arrosage peuvent aisément être réduits. L’économie n’est pas négligeable quand on sait qu’en France, environ 93 % des foyers avec jardin l’arrosent, et 50 % utilisent de l’eau potable pour le faire ce qui engendre des consommations pouvant atteindre 15L d’eau par mètre carré. L’adoption de plantes résistantes à la sécheresse, comme les essences méditerranéennes ou celles aux racines profondes, permet de réduire l’apport d’eau. En variant les espèces et les strates, les espaces verts peuvent également retenir l’humidité et soutenir la biodiversité, et nécessitent ainsi moins d’eau pour leur développement.

En parallèle, les bâtiments peuvent économiser l’eau avec des équipements hydro économes comme les réducteurs de débit, les mousseurs et les chasses d’eau double-touche, permettant de réduire de 10 à 50 % la consommation sans sacrifier le confort d’usage. Les systèmes sans eau, comme les toilettes sèches qui sont de plus en plus utilisées, renforcent aussi cette démarche vers des bâtiments plus économes en eau. Une conception moins aquavore des bâtiments est ainsi envisageable, complétée par une démarche d’économie d’eau en phase de chantier.

Stratégie 2 : Valoriser les eaux impropres à la consommation humaine

Une fois les besoins en eau d’un projet réduits, il est également possible de valoriser des ressources disponibles gratuitement au droit de chaque projet : l’eau de pluie et l’eau usée. Depuis 2008, il est possible de récupérer et d’utiliser l’eau de pluie issue des toitures non accessibles pour différents usages comme l’arrosage, le lavage des sols, l’alimentation des chasses d’eau, voire le lavage du linge. Mais jusqu’à présent, la réglementation complexifiait grandement la mise en application de cette solution, voire l’interdisait pour certaines typologies de projets, et la réutilisation d’eau usée n’était pas autorisée. Il était donc difficile de mettre en pratique la réutilisation et de valoriser les eaux usées et de pluie.

Néanmoins, les questions d’économies d’eau et de préservation de la ressource sont devenues tellement importantes depuis quelques années que la réutilisation est en train de connaître un véritable essor, favorisé par des solutions techniques innovantes. Ces dernières permettent de considérer l’eau de pluie et l’eau usée comme des ressources à part entière, une richesse à utiliser directement dans les bâtiments, au plus près de leur point de chute ou de production, et non pas à évacuer.

Instaurer cette réutilisation de manière globale grâce à ce nouveau cadre législatif permettrait de réduire certains postes de consommations des bâtiments, une économie loin d’être négligeable car les sanitaires, le linge et l’utilisation d’eau pour la voiture et le jardin représentent près de 38 % des consommations moyennes d’un foyer.

Par l’installation de systèmes de récupération désormais faciles à mettre en œuvre, il est donc possible de réduire les consommations de nos foyers de près d’un tiers en remplaçant l’eau potable par de l’eau de pluie dans nos chasses d’eau, nos machines à laver et pour le nettoyage des sols.

L’assouplissement du cadre administratif

Face à l’enjeu de préservation de la ressource et de résilience en période de sécheresse, la publication de l’arrêté et du décret s’inscrit comme un accompagnement bienvenu de la stratégie globale de mise en valeur de la ressource en eau. Cette évolution législative permet à la fois d’élargir les usages d’eau de pluie et d’eau usée traitée dans les bâtiments et de faciliter la mise en œuvre des systèmes grâce à des simplifications administratives.

Le but est de généraliser les bonnes pratiques et d’encourager les maîtres d’ouvrages à appliquer des systèmes innovants dans leur travaux d’aménagement et de construction.

Par exemple, dans les projets de logements ou tertiaires, les usages suivants sont autorisés :
Gestion de l’eau dans l’aménagement et le bâtiment durables
Un régime spécifique s’applique aux établissements recevant du public sensible comme les écoles ou les établissements de santé afin de protéger des populations plus fragiles.

Stratégie de gestion à l’échelle des projets

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Face aux défis climatiques, la gestion durable de l’eau n’est plus une option mais une nécessité. Grâce à des solutions innovantes et à un cadre réglementaire assoupli, la préservation de la ressource en eau peut être intégrée opérationnellement dans tous les projets immobiliers, afin de concevoir des quartiers et des bâtiments plus résilients et responsables pour demain.

Vous avez des questions ou des besoins concernant votre projet ou l’organisation de vos futures opérations ? Vous souhaitez intégrer des systèmes de récupération et de réutilisation d’eau à vos projets ?

TERAO intervient en tant que Conseil et AMO, pour définir avec vous la stratégie de gestion de l’eau de votre projet et intégrer les objectifs environnementaux pertinents !

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Opérations d'aménagement urbain durable
Ingénieure en Génie Civil et Génie Urbain

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