Tempêtes, canicules, inondations, sécheresses : tous ces phénomènes participent du changement climatique mais aussi de l’érosion de la biodiversité, en parallèle de l’artificialisation des sols. La restauration de la faune et de la flore est une nécessité, tant pour les bienfaits qu’ils représentent pour notre santé que pour leur rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique. Intégrer la nature en ville va au-delà de la végétalisation de la fabrique urbaine. Nous vous présentons dans cet article les enjeux de préservation de la biodiversité, et vous proposons des solutions pour la favoriser dans les projets bâtimentaires et urbains, ainsi que pour limiter sur elle les impacts des chantiers.

Biodiversité, vers une raréfaction irréversible ? Définitions et enjeux

Il apparaît important de définir tout d’abord la notion même de biodiversité. En effet, celle-ci ne représente pas seulement un inventaire de la diversité des espèces vivantes, visibles à l’œil nu et au microscope. Il s’agit plus largement de la diversité génétique contenue dans chaque unité élémentaire du vivant (la cellule, l’individu, l’espèce, la population et l’écosystème), et de l’ensemble des intéractions qui lient ces unités du vivant entre elles.

Depuis le sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, la préservation de la biodiversité est considérée comme un des enjeux essentiels du développement durable. L’adoption de la Convention sur la diversité biologique (CDB) au cours de ce sommet engage les pays signataires à protéger et restaurer la diversité du vivant.

D’ici 2050, c’est 15 à 37 % de la biodiversité qui sera amenée à disparaître. Un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, un tiers des amphibiens et 70 % des plantes sont en danger. Le rythme actuel d’extinction est de 100 à 1 000 fois supérieur à ce qu’il a été en moyenne sur des centaines de millions d’années. On parle à ce titre de «6ème extinction».

Les causes de cet appauvrissement de la biodiversité sont multiples, parmi lesquelles les principales sont :

  • La destruction des habitats (déforestation, urbanisation, réchauffement climatique…)
  • La modification des milieux
  • Le prélèvement excessif et la surexploitation des ressources
  • L’accroissement continu des populations humaines

C’est la liste Rouge de l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui révèle ces chiffres alarmants. Il s’agit d’un des plus grands outils de connaissance et de classification du statut des espèces vivantes connues, incrémenté depuis sa création en 1964 par plus de 9000 experts. On compte 11 statuts sur cette liste et 105 732 espèces répertoriées sur la version de 2019 :

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©Liste Rouge de l’IUCN

Les projets de construction impactent la biodiversité : exploitation et artificialisation du sol, extraction de matières, etc. L’enjeu est de limiter voire compenser ces impacts, afin de maintenir et/ou développer une biodiversité, une biomasse ou une nécromasse (quantité de biomasse morte dans un milieu), en allant plus loin que l’accueil simple de la faune et de la flore.

La biodiversité dans le projet urbain ou de construction : un cercle vertueux

La ville minérale accumule et réfléchit la chaleur. Les modes de transports polluants, les matériaux des bâtiments, l’imperméabilisation des sols – entre autres facteurs – la rendent plus vulnérable face aux aléas climatiques (risques accrus d’inondations et d’ilot de chaleur urbain notamment). Tout cela a des incidences sur la santé des riverains ainsi que sur les finances des collectivités. En périphérie des zones urbaines ou, plus loin en zones agricoles, l’agriculture intensive contribue à l’appauvrissement de la biodiversité. Les sols nus favorisent en effet l’érosion des sols et l’apparition de nouveaux nuisibles.

Or, nous l’avons vu, la variété des espèces et des écosystèmes est primordiale jusqu’au cœur de nos espaces de vie. Ils interviennent dans des cycles indispensables à la survie de l’espèce humaine (laquelle figure parmi la biodiversité et non au centre de celle-ci !) tels que celui de la pollinisation. Voici une liste non exhaustive des bénéfices de la nature et de la végétation au cœur de la ville, pour peu que les essences soient diversifiées :

  • Absorption des eaux de pluie grâce à des sols végétalisés ;
  • Réduction de l’ilot de chaleur urbain via l’évapotranspiration ;
  • Filtration des particules polluantes et meilleure qualité de l’air ;
  • Stockage du carbone et fourniture d’oxygène ;
  • Modération des températures extrêmes ;
  • Réduction des nuisances sonores ;
  • Restauration des nappes d’eau ;
  • Bien-être psychologique et santé globale des citadins, création de lien social dans un lieu « reconnecté » avec la nature ;
  • Meilleure attractivité de la ville ;
  • Contribution à restaurer la faune et la flore.
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©TERAO

La préservation de la biodiversité au cœur des réglementations pour le bâtiment et l’aménagement

Sans être exhaustifs ici, posons quelques jalons historiques et réglementaires témoignant de la prise de conscience écologique et de la prise en compte de la nature en ville comme enjeu majeur de l’aménagement et de la construction de bâtiments.

Les réglementations

Il y a, dès le 19ème siècle en France, une vraie prise de conscience de la biodiversité comme bien commun. La première réglementation date de 1906. Beaucoup d’évolutions eurent lieu depuis et de nombreuses réglementations ont vu le jour, pour n’en citer ici que quelques-unes :

  • Loi du 10 juillet 1976 sur la protection de la nature instaurant les Etudes d’Impact, les réserves naturelles, et créant le statut d’APPB : Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope ;
  • Code de l’environnement en 2000 : il comporte notamment la législation sur les espèces protégées et les zones humides ;
  • Stratégie Nationale pour la Biodiversité en 2004 ;
  • Loi Grenelle 2 en 2010 ;
  • Loi « pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » en 2016.

Deux outils de planification territoriale existent également pour la prise en compte de la biodiversité dans les projets de construction et d’aménagement urbain :

  • Le Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) : c’est un document cadre élaboré dans chaque région, avec pour objectif d’élaborer la Trave Verte et Bleue.
  • La Trame Verte et Bleue (TVB) : il s’agit d’un outil d’aménagement, document-cadre des « orientations nationales pour la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques ». L’objectif : contribuer à l’amélioration de l’état de conservation des habitats naturels et des espèces et au bon état écologique des masses d’eau.

Le Schéma de COhérence Territorial (SCOT) et le Plan Local d’Urbanisme (PLU) doivent prendre en compte ces deux outils de planification. A titre d’exemple, le PLU de Paris est en cours de mise à jour mais intègre déjà des critères sur la biodiversité, telle que la végétalisation des terrasses de plus de 100m².

Le Schéma directeur de la région d’Île-de-France (SDRIF) est également un document prescriptif d’aménagement du territoire.

L’étude d’impact

« Les projets de travaux, d’ouvrages ou d’aménagements publics et privés qui, par leur nature, leurs dimensions ou leur localisation sont susceptibles d’avoir des incidences notables sur l’environnement ou la santé humaine sont précédés d’une étude d’impact. » (Art L122-1 du Code de l’environnement).

L’étude d’impact implique une analyse documentaire fine, prenant en compte le contexte local et régional, les inventaires de patrimoine naturel, le contexte écologique du territoire, l’insertion écologique du projet dans son environnement ainsi que le diagnostic faune/flore.

Elle est obligatoire pour les projets à partir de 10 hectares de terrain d’assiette ou de 40.000 m² de SDP (entre 10 000 et 40 000 m², une Etude dite au Cas par Cas est exigée afin d’identifier la nécessité ou non d’une étude d’impact).

Ci-dessous les jalons réglementaires de l’étude d’impact, de ses prémisses à son aboutissement :

Zoom sur… le rôle de TERAO dans l’étude d’impact

Au sein des équipes de TERAO, l’étude d’impact est prise en charge par notre Pôle Aménagement.

TERAO rédige l’étude d’impact dans son intégralité, laquelle est ensuite déposée auprès de l’Autorité Environnementale (DRIEAT / DREAL). Elle intègre des éléments communiqués par la maîtrise d’ouvrage, notamment sur le projet d’aménagement ou de construction et les études spécifiques complémentaires (pollution, acoustique, étude faune-flore, etc.), lesquelles ne sont pas réalisées par TERAO : nous nous appuyons sur les BET spécialistes et assurons un rôle de coordination de l’ensemble de ces études.

 

TERAO met ici à profit de la MOA et de l’étude d’impact, son expérience en matière de gestion de projet des études environnementales à l’échelle des projets urbains. En effet, dans le cadre de l’étude d’impact nous discutons avec :

  • La MOA pour bien comprendre les motivations et les ambitions du projet et l’aider dans la coordination des études ;
  • La MOE pour mettre en exergue les choix effectués et proposer des pistes d’amélioration ;
  • Les experts des études complémentaires pour cadrer les périmètres d’étude et les rendre accessibles à tous (étude d’impact à disposition du public) et les traduire de façon opérationnelle dans le projet en faisant le relais auprès de la MOE.

 

L’étude d’impact comprend :

  • Une analyse de l’état initial du site et de son environnement, avec une identification des atouts/opportunités et des contraintes/faiblesses du site ainsi qu’une hiérarchisation des enjeux de développement durable. Ces éléments sont soumis à la validation de la MOA.
  • Une rencontre avec l’Autorité Environnementale. Cette réunion permettra de cadrer le travail, de connaître les niveaux de précision attendus et de recueillir ses indications sur les éventuelles sensibilités du site.
  • Une analyse de l’évolution de l’état initial de l’environnement en cas de mise en œuvre du projet et la rédaction du “scénario de référence”.
  • La rédaction du dossier d’incidences : identification des impacts et mesures associées.

Les certifications et labels environnementaux

Les certifications et labels environnementaux à l’échelle des bâtiments permettent de valoriser les actions de protection et de promotion de la biodiversité, ainsi que d’aider les MOA à prendre connaissance des enjeux de leurs projets, tout en s’assurant qu’ils respectent la réglementation.

  • HQE Bâtiment Durable et BREEAM, certifications multicritères généralistes, intègrent des points liés à la prise en compte de la biodiversité. Dans le cas de BREEAM, les crédits écologiques sont nombreux et contribuent fortement aux profils et niveau de certification environnementale des projets. Un diagnostic écologique doit notamment être prévu le plus en amont possible, et ne pas mener cette démarche expose potentiellement le MOA à la dégradation de son profil BREEAM, voire dans certains cas, à un non-respect d’exigences réglementaires environnementales y compris par méconnaissance. A ces démarches sont donc associées des problématiques de maîtrise du risque pour les projets.
  • BiodiverCity et Effinature sont des certifications thématiques dédiées à la prise en compte de la biodiversité dans les projets immobiliers (et peuvent aussi s’appliquer à des opérations d’urbanisme opérationnel), et exigent également la mise en œuvre d’un diagnostic initial ainsi que l’identification et la mise en œuvre de dispositions spécifiques pour la biodiversité fondées sur un corpus solide d’analyses et de connaissances spécialisées.

Et si nous pensions la ville comme un écosystème ? Pistes concrètes sur les échelles aménagement et bâtiment

 

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A l’échelle de l’aménagement aussi bien que du bâtiment, faire un diagnostic écologique du site initial est essentiel, et de manière volontaire (hors étude d’impact ou étude au cas par cas) : il donne en effet un cadre à toute la conception paysagère et architecturale qui suit, en s’assurant que le projet intègre l’enjeu de la biodiversité comme objectif intrinsèque au projet et non secondaire. Ce diagnostic participe de l’acceptation du projet dans son environnement par les riverains et les tierces parties. Par conséquent, et nos retours d’expérience l’attestent, l’engouement pour la biodiversité des MOA en aménagement notamment, est de plus en plus fort.

Pour préserver la nature et contrer les conséquences néfastes de l’urbanisation croissante, voici plusieurs pistes permettant d’inviter la nature au cœur de la ville dans toute sa diversité génétique, de la conception à l’exploitation :

nature en ville biodiversite

La biodiversité et la nature en ville font partie des enjeux majeurs et prioritaires des projets urbains et de construction neuve ou de rénovation.

Matière complexe et dynamique en termes d’évolution des connaissances scientifiques et de dispositions réglementaires, la biodiversité fait aussi l’objet d’une attention croissante, tant du point de vue des impacts délétères qu’elle subit du fait du réchauffement climatique, que de ses apports positifs pour le bien-être et la résilience des communautés humaines, aussi et même particulièrement … en ville.

Leur prise en compte s’inscrit désormais dans les feuilles de route RSE, et par essence dans les projets urbains, d’aménagement ou de construction, qui font partie des leviers majeurs de leur détérioration, ou au contraire de leur préservation, voire de leur amélioration.

De multiples dispositions sont envisageables dans les projets au service de la faune et de la flore, et au bénéfice des utilisateurs et des habitants : le recours aux expertises d’un écologue, le plus en amont possible des projets, devrait devenir la norme et s’impose de plus en plus dans le cadre des certifications environnementales, ainsi qu’en vue de maîtriser les risques et les opportunités associés pour les projets eux-mêmes.

Au sein des équipes de TERAO, nous intervenons autant via notre Pôle Aménagement que via notre Bâtiment, pour participer à la restauration primordiale d’une biodiversité en souffrance face aux impacts des activités anthropiques. Car in fine protéger la Nature, c’est protéger les Hommes.

Article coécrit avec Amélie Bernier, Cheffe de projets, experte réemploi & biodiversité

Exemple de projets réalisés

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Projets de gares et stations de la RATP

Outil d’aide à l’intégration des enjeux environnementaux en phase de programmation pour les projets de gares et stations de la RATP

label-biodiverCity

AMO BiodiverCity lot Horizon, ZAC Guillaumet (31)

Construction d’un ensemble immobilier de 60 logements collectifs sur la ZAC Guillaumet à Toulouse (ex site CEAT).

amo-environnement

AMO environnement : NF HABITAT HQE & BiodiverCity, 76 logements (78)

Certification NF Habitat HQE, niveau Très Performant (sur 26 logements), Label BiodiverCity RT2012- 10 % et production d’ENR à hauteur de 30 %, dans le cadre de la construction de 5 bâtiments de logements pour un total de 76 logements, 50 en accession et 26 sociaux

rehabilitation-friches

Procédures réglementaires, Fondation Apprentis d’Auteuil, Paris (75)

Réaménagement et développement du site historique de la Fondation Apprentis d’Auteuil, avec la démolition de près de 5 000 m² de SDP, la réhabilitation de 14 000 m², soit 80 % du patrimoine existant, et la création de 21 400 m², pour en faire un lieu créateur de synergies et de liens sociaux.

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Expert des enjeux de développement durable des projets immobiliers

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