Pour un bureau d’études comme TERAO, et pour vous, nos clients et partenaires, la question du coût des démarches de Performance Environnementale du Bâtiment est centrale. La massification à l’œuvre de la transition environnementale avec la RE2020, le Décret Tertiaire, les démarches de certification et de valorisation environnementale, la trajectoire de neutralité carbone en 2050, rendent absolument essentiel le partage d’une vision commune sur cette question. Etonnamment, il n’existe aucune étude robuste et récente sur ce sujet passionnant, laissant chacun de nous apprécier la question au travers de sa propre expérience, et de ses propres habitudes et repères. Notre conviction chez TERAO, nourrie par une longue expérience et des études récentes, est que la réalisation de projets durables et vertueux n’est pas, loin s’en faut, systématiquement synonyme de surcoûts.

La (sur)performance environnementale et ses différentes facettes

Au préalable, il faut tenter de définir la performance environnementale – qui a de nombreuses facettes, et peut s’exprimer et se reconnaître de différentes manières ; il en va de même pour les « coûts » associés :

• La performance environnementale trouve-t-elle le mieux sa traduction dans la multi-certification à des niveaux élevés ? Ou dans la conception bioclimatique, la frugalité, l’innovation low-tech et des choix de conception parfois à contre-pied des standards en vigueur ? Ou dans un mix des deux ?

• Comment prendre en compte, dans ces analyses, le caractère unique de chaque projet ? La filière a parfois l’habitude de considérer chaque projet comme un prototype… Et en effet chaque bâtiment, de par son implantation, ses opportunités constructives, ses usages, entre autres caractéristiques, dispose d’un potentiel de performance environnementale spécifique et doit être étudié « sur mesure ». La nature et les objectifs de ses commanditaires introduisent aussi des nuances fortes quant à la vision de la performance et des coûts (d’études, de conception, de réalisation, d’exploitation … avec une approche en coût global ou non).

Il n’y a donc pas de réponse unique, mais nous disposons au travers de nos 31 années d’expérience, de points de repères qu’il nous semble intéressant de partager !

Tout d’abord, il faut rappeler que les coûts des démarches peuvent se décomposer comme suit :

  • Coûts administratifs d’enregistrement, de suivi et d’audit, le cas échéant (pour les certifications)
  • Coûts d’AMO : accompagnement, conseils, revues de projets, cahiers des charges, vérifications
  • Coûts des Etudes environnementales spécifiques
  • Coûts (plus-value ou moins-value) pour le Projet en Réalisation et en Exploitation

On peut déjà constater que :

• Les rares études économiques menées dans ce domaine au début des années 2010, définissaient un surcoût moyen de l’ordre de 5 % pour les projets certifiés à cette époque, avec une dispersion élevée (écart-type de 4 %) ; de nombreuses pratiques sont depuis devenues courantes dans le secteur et ce ratio doit donc être regardé avec beaucoup de recul.

• Une provision de l’ordre de 5 % du montant total des travaux est, de fait, souvent intégrée par les AMO généraux dans les budgets prévisionnels au titre de la démarche environnementale – mais ce chiffre n’est ni une généralité, ni l’expression d’une réalité technico-économique parfaitement éprouvée et scientifiquement fondée.

Des habitudes qui conditionnent la performance environnementale et les coûts

En réalité, la maîtrise des coûts de construction liés à la performance environnementale suit les mêmes principes que la maîtrise des coûts généraux de construction, schématisés par la courbe ci-dessous : l’anticipation en amont des impacts techniques permet d’optimiser les coûts de construction associés.

Réduire les impacts environnementaux et les coûts

L’intervention très en amont d’un bureau d’études expert en environnement réduit ainsi les surcoûts parfois observés, grâce à une conception intégrée et à des dispositions prises très tôt sur le projet architectural et technique, pour calibrer parfaitement la programmation et les choix de conception.

Les surcoûts en conception et en études permettent d’éviter les surcoûts Projet, en offrant des choix différents, plus optimisés, et ce grâce à une approche de la conception intégrée. Plus les considérations environnementales sont prises tôt dans les Projets, plus la capacité à maîtriser leurs impacts financiers est forte.

A titre d’exemple, appliquer une démarche préalable de conception bioclimatique, dès l’Esquisse, permet d’optimiser dès le départ l’implantation, la morphologie, l’orientation du bâtiment, la conception de ses façades, et de déterminer les qualités souhaitables de son enveloppe – en évitant de nombreux facteurs de sous-performance et de surcoûts ! Cette réflexion intègre aussi les différents usages pour une conception qui répond aux besoins de utilisateurs et optimise les coûts en exploitation.

A contrario, choisir tardivement d’appliquer une démarche de certification environnementale sur un Projet déjà assez bien défini, induit souvent des surcoûts pour répondre a posteriori aux exigences d’un référentiel qui n’étaient pas identifiées en amont…

Le bas carbone, possible à moindre coût ! 

La construction bas carbone est en soi un enjeu majeur de la transition environnementale : sur ce front, les réactions parfois alarmistes préalables à l’entrée en vigueur de la RE2020, notamment, méritent largement d’être pondérées, car les indicateurs économiques sont finalement … assez largement au vert !

La matériauthèque bas carbone de TERAO, développée par notre Cellule experte de Conception Bas Carbone depuis 2017, a été conçue (et challengée par des groupes de travail intégrant des directeurs techniques immobiliers), alimentant nos connaissances en termes de contraintes et de coûts associés.

Matériauthèque Bas Carbone TERAOMatériauthèque Bas Carbone TERAO

Cette matériauthèque, constituée d’une centaine de fiches action couvrant les différents corps d’Etat, comprend pour chaque solution les gains carbone, les impacts financiers, et les contraintes techniques.

Combinée à un Guide de conception bas carbone alimenté par une matrice de mix de solutions adéquates selon les caractéristiques des Projets, cette approche appliquée à la production immobilière courante (résidentielle et tertiaire), permet de démontrer que la trajectoire RE2020 2025 – 2030 peut se traduire par une surperformance carbone à un coût de -3 à -5%. Ces indicateurs démontrent la compensation de la plus-value de certaines mesures bas carbone (conception bois, sortie du gaz…) par d’autres mesures de frugalité intégrées à la conception (optimisation des volumétries, réduction des surfaces vitrées, …) synonymes d’économies.

Choix amont et intégrés et démarche rationnalisée permettent donc une optimisation technico-économique et environnementale favorable aux projets immobiliers.

Bien discriminer les stratégies réellement performantes

Il est donc possible de concevoir un bâtiment environnementalement performant à iso ou moindres coûts. Tout dépend des modalités et des critères d’intégration de cette performance. Les éléments suivants donnent des exemples de ce qui est plus ou moins coûteux dans la construction d’un bâtiment « durable » (par ordre décroissant d’impact).

On constate notamment que la « surperformance » peut à certains égards être rationnalisée, notamment en questionnant certains usages et certains réflexes, par exemple liés au « sur-confort » et au suréquipement technique sans réflexion programmatique et architecturale préalable.

Plus-value Moins-Value
La structure bois (qui est « vertueuse » en émissions de GES, mais doit aussi être analysée à l’aune de l’inertie thermique et acoustique) Conservation de l’existant / rénovation thermique (au plus juste / limiter les travaux complémentaires)
Acoustique : Niveaux supérieurs des certifications (NF Habitat HQE, HQE BD, BREEAM…), revêtements intérieurs, missions acousticien, tests à la réception Compacité / optimisation des volumétries / trames structurelles (déperditions limitées, optimisation des quantités de matériaux)
Approche de « sur-confort » de l’occupant selon les standards de certification : FLJ > 2%, gestion de température à 0,5 °C près sur un micro zoning de 10 m², 22°C en hiver/24°C en été, 300 lux, Indice de rendu des couleurs > 80, etc. Conception bioclimatique (éviter certaines orientations sources de surchauffe en été, réduction des surfaces vitrées, inertie thermique et apports solaires en hiver, inertie thermique et ventilation naturelle nocturne, etc)
Stratégie « Energies Renouvelables sans frugalité énergétique » : ex :  géothermie/ photovoltaïque pour compenser de grandes surfaces vitrées Confort adaptatif / frugal : dérive tolérée de température, tolérance sur les niveaux d’éclairement
Toitures végétalisées (lié à l’épaisseur de terre) Conception Lowtech : absence de climatisation, gestion manuelle des protections solaires et des ouvrants…
Stratégie Smart Building (bâtiment serviciel / effet parfois « gadget » décorrélé de la performance énergétique et des usages réels) Raccordement à un réseau de chaleur
Renforcement de l’isolation à volume donné au-delà de l’optimum technico-économique Matériaux bas carbone peu couteux : Isolation sous combles en ouate de cellulose, briques alvéolaires de terre cuite, réemploi simple
Renforcement de la performance des installations techniques (CVC / CFO) Conception paysagère biodiversifiée : noues, tranchées drainantes, puits d’infiltration (par rapport à des bassins béton enterrés)
Matériaux bas carbone (plus-value faible mais rarement moins-value) Entre autres …
Entre autres … Et en intégrant une notion de coût global + externalités : Basse consommation énergétique, Gestion différenciée des espaces verts, Maintenance facilitée, Santé/bien être des usagers, etc.

 

Des raisons majeures d’être optimistes et volontaires !

Ce bref manifeste vise donc à vous convaincre par notre expérience que le souhait de concevoir ensemble des projets vertueux à coûts maîtrisés est réalisable. TERAO croit fermement qu’une conception environnementale intégrée dès l’amont des projets et une conception raisonnée et optimisée sont la clef de performances environnementales à coûts maîtrisés.

Devis accompagnement BE Environnement

Directeur du Développement France
Expert des enjeux de développement durable des projets immobiliers

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