La nature s’invite de plus en plus souvent dans les espaces de travail, et c’est une bonne nouvelle : le contact visuel avec la nature a un impact positif scientifiquement prouvé sur la qualité de vie au travail. De nombreuses études mettent en évidence le lien entre le bien-être, la productivité, les relations sociales et l’intégration des principes de la biophilie, laquelle va plus loin que la simple végétalisation de toitures ou de façades. Qu’est-ce que la conception biophilique précisément, et comment intégrer ses 14 principes à l’architecture d’un projet ? Répondons ensemble à ces questions.

La Biophilie, vecteur de santé émotionnelle, physique et sociale sur le lieu de travail

Les éléments naturels, une nature verdoyante et lumineuse rappellent à notre inconscient le milieu dans lequel l’être humain a vécu et survécu au fil des millénaires, jusqu’à laisser une trace dans nos mémoires et nos codes génétiques. Le terme « biophilie » apparaît pour la première fois en 1964, dans le l’ouvrage The Heart of Man, écrit par le psychologue social Eric Fromm. Tiré du grec « bio » signifiant « vie » et « philie » signifiant « qui aime », il caractérise l’attrait inné de la nature et des procédés naturels pour le cerveau humain. La connexion à notre environnement naturel est donc un besoin physique, mental et social fondamental.

Appliquée au secteur du bâtiment, la notion de design ou conception biophilique vise à intégrer aux projets de construction des éléments naturels, notamment suivant les 14 principes définis par l’ouvrage de référence 14 Patterns of Biophilic Design, par Terrapin Bright (2014). Nous les développons plus bas.

« Les employés indiquant travailler au contact d’éléments naturels disent avoir un niveau de bien-être supérieur de 15 % aux autres, un niveau de productivité de 6 % supérieur, et un niveau de créativité de 15 % supérieur. La satisfaction au travail augmente quant à elle de 40% en présence d’éléments naturels au bureau. »  Terrapin Bright Green, Economie de la Biophilie.

Qu’entend-on par l’expression parfois galvaudée de « bien-être » ? Au-delà de la simple « absence de souffrance » communément répandue, il s’agit plus largement du lien harmonieux ressenti avec soi-même et son environnement, lequel procure une sensation de satisfaction profonde. Dans les environnements de vie et de travail, les bienfaits de la biophilie intégrée à l’architecture sont multiples :

  • Réduction de l’absentéisme ;
  • Meilleur engagement ;
  • Amélioration de la santé, des performances et de la concentration ;
  • Réduction du stress et de l’anxiété ;
  • Meilleur moral et sentiment de bien-être ;
  • Consommation de médicaments réduite ;
  • Meilleure productivité et créativité au travail ;
  • Baisse de la fatigue mentale.

La biophilie peut donc constituer pour les maitres d’ouvrages un enjeu clef de conception environnementale, et un gage important d’attractivité auprès des futurs utilisateurs.

La biophilie au cœur de la science… et des certifications et labels environnementaux

Ce n’est pas un hasard si, au sortir des confinements successifs des deux dernières années, de nombreux citadins ont pris le large vers la province. Une étude considère même ces épisodes de restrictions comme des expériences traumatiques, vectrices de dégradation de la santé mentale pour celles et ceux qui ne disposaient pas de vues sur des espaces verts, la mer, voire de simples balcons fleuris.

Les études en matière de lien entre l’Homme et la nature sont relativement récentes dans le champ scientifique mais s’intensifient : elles donnent à réfléchir sur les processus cérébraux et physiologiques en jeu :

  • Vivre en ville augmenterait de 30 à 40% le risque de développer des troubles psychiques.
  • Plus notre environnement est arboré, moins on a de risque de souffrir de diabète et de devoir recourir à la prise d’antidépresseurs.
  • Les patients disposant d’une chambre d’hôpital avec vue sur un parc arboré récupèrent plus rapidement à la suite d’une opération chirurgicale, et ont des besoins réduits de médicaments anti-douleur.

Tout cela pour une raison simple : nous ne sommes pas « programmés » pour vivre déconnectés de la nature. Or, les immeubles de bureaux se trouvent majoritairement en zone urbaine. Les certifications et labels environnementaux tiennent ainsi de plus en plus compte de la biophilie, notamment les suivants :

  • BiodiverCity : la biophilie apparait dans 3 axes sur les 4 de ce label, traitant entre autres exemples du biomimétisme, des approches bio-architecturales, du contact et de l’accès physique à la nature, etc. ;
  • WELL dispose d’un crédit « Biophilia I – Qualitative » et d’un crédit « Biophilia II – Quantitative » ;
  • OsmoZ intègre la biophilie dans le thème « Interaction avec la nature » de l’Enjeu « Hygiène de vie ».

Bien que ne figurant pas nommément dans les certifications suivantes, les thématiques connexes à la biophilie telles que la biodiversité et le bien-être au travail y sont pris en compte :

Il est par ailleurs stimulant d’adopter une vision plus globale et systématique des liens entre l’homme et la nature dans les projets immobiliers. Sa présence a des bénéfices directs sur le bien-être humain, mais constitue aussi constitue un levier essentiel de préservation de la biodiversité et de résilience au changement climatique, puisque la nature en ville contribue directement à la réduction de l’ilot de chaleur urbain.

Comprendre les 14 principes de la conception biophilique

principe de biophilieAu regard des divers avantages et bienfaits cités, nous comprenons l’intérêt potentiel que revêt la biophilie sur notre façon de travailler. L’idée est de fédérer les équipes, permettre l’expression spontanée des idées des collaborateurs, et augmenter les interactions entre eux puis entre eux et les éléments naturels mis en place dans les espaces de vie et de travail. Comment cela se traduit-il sur le développement opérationnel de projets ?

 

 

La conception biophilique applique 14 principes aussi appelés « patterns », répartis en 3 grands principes :

  • Les Principes de nature dans l’espace, qui sont ceux que TERAO développe le plus lors de groupes de travail avec la MOE ;
  • Les Principes d’analogies naturelles ;
  • Les Principes abstraits de nature.

 

 

Détaillons ici 3 principes et quelques exemples de leur application concrète au sein de projets :

Lien visuel avec la nature

Ce principe consiste à avoir vue sur des éléments naturels, des systèmes vivants et des processus naturels. Cela passe notamment par de l’aménagement paysager, ou la végétalisation des cours et des cœurs d’ilots. Un patio planté, des plantes grimpantes, des jardinières de façades et des murs végétalisés constituent quelques exemples d’application. Notons que ces préoccupations ajoutent une dimension qualitative aux exigences environnementales de « View Out » qu’impose par exemple la certification BREEAM.

Variabilité thermique et renouvellement d’air

Ce principe consiste à instaurer des changements subtils de températures, de taux d’humidité, et du flux d’air sur la peau, dans le but d’imiter les environnements naturels. En pratique, on envisage par exemple des zones « bulles de chaud » et « bulles de froid » dans les espaces communs tels que les halls ou l’espace cafétéria : cela crée un « effet coin du feu en hiver » grâce à l’intégration de surfaces radiatives verticales ou horizontales, ou un « effet brise d’été » grâce à un balayage d’air plus important qui le rafraichit. Une ventilation naturelle croisée ou traversante est également envisageable. Autant de principes à appliquer en lien avec les besoins réels des utilisateurs en termes de confort thermique, la gestion des températures de consigne et la maîtrise des consommations énergétiques !

variabilite thermique

Formes et motifs biomorphiques

Ce principe implique un travail global sur le projet de décoration, au travers de références symboliques à des tracés, motifs et textures qui imitent là aussi les courbes naturelles. Concrètement : plus de courbes, moins d’angles droits et moins de droites dans la conception, et place aux papiers peints à motif végétal, des coloris verts, et du mobilier aux formes arrondies… Même indirectement, la nature gagne à être présente comme source d’inspiration dans la conception des formes qui nous entourent et façonnent nos lieux de travail et de vie. Les matériaux biosourcés apparents répondent, quant à eux, directement à ce principe !

 

Les lieux de travail se reconfigurent. Leur attractivité auprès des collaborateurs et des nouveaux talents est un enjeu pour les promoteurs et investisseurs. A l’ère actuelle du télétravail, l’application des principes de la biophilie à la conception d’espaces constitue un axe pertinent de réponse, en plus de faire écho aux enjeux de performance environnementale des projets immobiliers. TERAO s’adapte aux contraintes et aux opportunités des projets, ainsi qu’à la sensibilité de l’architecte et du maître d’ouvrage. Nous mettons en œuvre nos expertises en termes de conception biophilique, pour valoriser les éléments les plus pertinents. Cette approche a notamment pour attrait de mêler considérations programmatiques et de conception, esthétiques et pratiques, architecturales et d’ingénierie : un terreau fécond en somme pour des réflexions pluridisciplinaires en faveur de projets désirables et vertueux !

Devis accompagnement BE Environnement

Directeur du Développement France
Expert des enjeux de développement durable des projets immobiliers

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